Émotions en folie : mode d’emploi pour parents débordés
- Agnès Gillardin
- 16 sept.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 18 sept.
(ou guide de la gestion des émotions)

Les émotions font partie intégrante du développement des enfants. Colère, tristesse, peur, joie… toutes ces expériences intenses sont normales mais parfois difficiles à gérer, autant pour l’enfant que pour ses parents.
Chercher à supprimer ou calmer de force ces émotions revient souvent à les amplifier.
Par exemple, dire à un enfant en colère « Calme-toi tout de suite ! » produit l’effet inverse : l’enfant se sent incompris et redouble d’intensité.
Quelles émotions ?
✔ Quand la colère explose
Votre enfant se met à hurler parce qu’il ne veut pas éteindre son téléphone (valable pour les enfants et les adolescents).
Réflexe courant : « Arrête de crier ! » ou menacer de punition. Résultat : la colère monte encore plus.
Autre approche : reconnaître l’émotion (« Je vois que tu es très en colère ») puis proposer un choix concret (« Tu préfères arrêter maintenant ou dans deux minutes ? »).
👉 L’enfant se sent entendu et retrouve un peu de contrôle, ce qui apaise la tension.
✔ Quand la peur paralyse
A l’école, l’enfant refuse de rentrer dans la classe parce qu’il a peur des autres enfants qui font masse.
Réflexe courant : rassurer (« Mais voyons, il n’y a rien à craindre ! »). Cela renforce paradoxalement l’idée qu’il y a bien un danger.
Autre approche : jouer avec la peur (« Imagine que ta peur soit un petit monstre : comment on pourrait la faire rigoler ? »). 👉 En transformant l’émotion en jeu, on la dédramatise et l’enfant se sent acteur de la situation.
✔ Quand la tristesse déborde
Votre enfant éclate en sanglots parce qu’il a perdu aux cartes.
Réflexe courant : minimiser (« Ce n’est pas grave, ce n’est qu’un jeu »). L’enfant se sent incompris.
Autre approche : accueillir (« Je comprends, tu es triste parce que tu voulais gagner »), puis l’aider à trouver une issue (« On fait une revanche ? » ou « Et si tu m’apprenais ta stratégie ? »). 👉 La tristesse est validée, mais on ouvre une perspective constructive.
✔Quand les parents n’en peuvent plus
Parce qu’accompagner les émotions d’un enfant… c’est épuisant.
Réflexe courant : crier plus fort que lui ou lâcher prise dans l’énervement.
Autre approche : prendre une pause (« Je suis trop en colère pour parler maintenant, je vais boire un verre d’eau et je reviens »). 👉 L’enfant apprend que même les adultes ont des émotions, et qu’il est possible de les gérer sans exploser.
Donc les tentatives de solution entretiennent le problème !
Un parent qui rassure sans cesse son enfant anxieux finit par renforcer son inquiétude, car l’enfant comprend que "s’il faut tant me rassurer, c’est qu’il y a vraiment un danger".
Un adulte qui veut "protéger" l’enfant de toute frustration l’empêche d’apprendre à tolérer les émotions désagréables, ce qui les rend plus explosives ensuite.
Stratégies alternatives proposées en thérapie brève selon le modèle Palo Alto
Changer de posture
Plutôt que de lutter contre l’émotion, l’accueillir comme un phénomène normal et passager.
Montrer à l’enfant qu’il peut traverser cette vague émotionnelle sans danger.
Faire autrement
Si une réaction parentale échoue à apaiser la situation, la thérapie de Palo Alto invite à tester une stratégie opposée. Exemple : au lieu de rassurer face à une peur, on peut inviter l’enfant à exagérer volontairement son inquiétude comme un "jeu", ce qui réduit la charge émotionnelle.
Mettre du mouvement
Utiliser l’humour, détourner l’attention, ou proposer une activité physique. Ces alternatives modifient la dynamique sans nier l’émotion.
Valoriser les compétences de l’enfant
Plutôt que d’imposer des solutions, reconnaître ses ressources ("Tu as réussi à attendre malgré ta colère !") favorise l’autonomie émotionnelle.
Conclusion
La clé de la gestion des émotions chez l’enfant réside moins dans le contrôle que dans l’interaction.
Accueillir, expérimenter d’autres réponses et sortir des cercles vicieux permet non seulement d’apaiser les crises, mais aussi d’apprendre à l’enfant que ses émotions sont légitimes et gérables.
En changeant nos réactions habituelles – rassurer, raisonner, contrôler – par des alternatives plus créatives et bienveillantes, nous aidons nos enfants à grandir… et nous, parents, à traverser plus sereinement leurs tempêtes émotionnelles.



